terça-feira, 13 de novembro de 2007

La démocratie, c'est ferme ta gueule!

Em directo da Universidade de Rennes, bloqueada há uma semana por uma minoria de lunáticos autoritários. Ontem houve um referendo em que mais de 3000 estudantes votaram claramente (61,82% contra 36,9%) pelo desbloqueio. Mas parece que não chega, porque hoje de manhã há um grupo armado com bastões e matracas que continua a impedir o acesso às aulas. Vai em francês, porque o surrealismo a que esta situação chegou não tem tradução:

Il avait l'air peut-être un peu étonné de soi-même après l'avoir dit (parce que oui, il l'a dit): "Je pense que le vote à scrutin secret n'est pas démocratique". Il était un peu étonné de le dire pour la première fois, comme ça, sans concessions. Après, il a réexaminé son raisonnement, ainsi que son étonnement, et il a trouvé que c'était le raisonnement qui était bon, que finalement il n'avait pas à s'en étonner. Et il s'est étonné une deuxième fois. Il a donc continué. Il a donné de la suite à ses idées: "oui, le vote à scrutin secret n'est pas démocratique. Ce vote qu'on dit démocratique n'est pas démocratique. Ce vote où l'on propose à tous les étudiants de voter n'est pas démocratique. Ce vote que les étudiants ont demandé majoritairement en assemblée n'est pas démocratique. Ce vote où chacun peut prendre une décision individuellement, librement, en conscience, n'est pas démocratique. Ce vote où tout le monde est en parfaite égalité devant les autres, où, pendant un petit moment, il n'y a pas de militants, ni d'apolitiques, ni de partis, ni d'indépendants, ni de bloqueurs, ni d'anti-bloqueurs, n'est pas démocratique. Ce vote, où l'on peut compter exactement le nombre de voix et on peut surveiller avec indépendance ce décompte, n'est pas démocratique. Ce vote où il n'y a pas de huis-clos dans la décision (où le huis-clos a été divisé jusqu'à sa portion indivisible, celle de l'individu), où l'anonimat est garanti contre les pressions d'autrui, qui qu'il soit et quel que soit son pouvoir, cela n'est pas démocratique. Ce vote, qui historiquement a permis au peuple sans capital, au peuple analphabet, aux femmes, aux jeunes, de choisir en égalité avec tout les autres — propriétaires, hommes, alphabetisés, pères de famille —, n'est pas démocratique. "Finalement", a-t-il vu venir la conclusion de l'intérieur de son cerveau (parce qu'il l'a vu venir, cette conclusion), "ce qui est démocratique c'est qu'un nombre réduit de personnes bloque les décisions prises par un nombre élargi de personnes. Ce qui est démocratique c'est qu'un nombre encore plus réduit de personnes dise "ferme ta gueule!" à la majorité qui a voté pour qu'un nombre encore plus élargi de personnes puisse voter. "Ce qui est démocratique", a-t-il enfin déduit, ravi de son raisonnement, "c'est de ne pas l'être"!

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