"C'est pourtant d'une expression, de quelques mots qu'aura finalement surgi l'image la plus forte de cette période troublée. Cette image, c'est celle des «virgules noires», formulée par James Whitney, courtier en Bourse qui a assisté, médusé, de sa fenêtre, à l'attentat du World Trade Center. Les «virgules noires», ce sont les individus qui sautaient des tours, paniqués à l'idée de brûler vif. (...) tout se passe comme si ces deux mots cristallisaient à eux seuls la dimension humaine de la catastrophe, que tous les cris de panique ou de fureur enserrés dans la rhétorique télévisuelle de l´horreur ne sauraient curieusement égaler. Car cette image née des mots porte en elle une dimension immémoriale que la télévision et son ressassement ne connaissent pas. Elle seule peut déjouer la dictature du temps réel dont nous sommes tous intoxiqués. Elle seule donne enfin la dimension figurative qui nous manquait pour concevoir que l'impossible a été possible. (...)"
Thierry Jousse, "New York, 11 Septembre, l'envers du spectacle". Cahiers Du Cinéma [Paris] nº 561 (Octobre 2001): 10-11.
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